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A propos de HPI et hyperstimulabilité, Néophobie alimentaire


Hyperstimulabilité et Haut potentiel intellectuel

La recherche a montré que les individus avec une haute intelligence tendent à être hyperstimulables (Ackerman, 2009 ; Calic, 1994 ; Daniels et Piechowski, 2008 ; Kaufman et Beghetto, 2013 ; Kim, Kaufman et Bauer, 2013). Les enfants ayant un quotient intellectuel très élevé supérieur à 130 selon la quatrième ou cinquième version de l'Échelle d'intelligence de Wechsler pour enfants (WISC-IV, V) sont considérés comme « doués », « précoces », ainsi que "haut potentiel".

​Dans son livre, L'enfant surdoué, L'aider à grandir, l'aider à réussir, Jeanne Siaud-Facchin, écrivait :« L'hypersensibilité s'observe chez tous les enfants surdoués. Elle est plus ou moins perceptible selon les aménagements effectués par l'enfant. L'enfant surdoué, branché en permanence sur son environnement affectif, sur le monde émotionnel, il est constamment bombardé d'informations sensorielles, assailli de messages affectifs ». (2012)

​L'étude menée au CERMEP (Centre d'Imagerie du Vivant) de Lyon par Dominic Sappey-Marinier et Fanny Nusbaum a analysé l'anatomie et les spécificités fonctionnelles du cerveau des enfants dits à « haut potentiel ». L'étude du mouvement des molécules d'eau dans le cerveau par IRM a clairement démontré que les enfants à « haut potentiel » présentent une connectivité cérébrale bien plus importante que les enfants au QI standard dans plusieurs régions cérébrales comme le corps calleux qui relie les deux hémisphères et dans différents faisceaux intra-hémisphériques. Donc, le transfert d'information est plus rapide au sein d'un même hémisphère mais aussi d'un hémisphère à l'autre.

​La notion d'hyperstimulabilité a été décrite pour la première fois par Dabrowski en 1972. Elle est une expérience physiologique intense qui correspond à une hyperréactivité des neurones. L'hyperstimulabilité peut être définie comme la réponse amplifiée à un stimuli, qui se manifeste dans les domaines sensoriel, intellectuel, émotionnel ou affectif, psychomoteur et imaginatif.

1. L'hyperstimulabilité sensorielle s'exprime à travers l'exacerbation des sens au cours d'expériences de plaisir ou de déplaisir ; par le biais des différentes modalités sensorielles, l'ouïe, le toucher, l'odorat, la vue, le goût ; au travers de la musique, des formes, de la richesse des mots, des couleurs. L'expérience sensorielle des enfants à haut potentiel leur permet de faire attention au détail, à la texture, au contraste. Quand ils apprécient quelque chose, ces enfants l'aiment avec passion. A l'inverse, l'intensité de leurs réactions pour ce qu'ils n'aiment pas est totale.

2. L'hyperstimulabilité intellectuelle correspond à un besoin élevé pour comprendre et chercher la vérité, pour acquérir des connaissances, analyser et synthétiser. Elle renvoie à une intense activité intellectuelle fondée sur une grande curiosité et une grande capacité d'observation et de concentration, une capacité pour soutenir l'effort intellectuel, une grande avidité de lecture, une capacité accrue de mémorisation y compris des détails, une grande capacité de planification. Elle se retrouve également au travers d'un penchant naturel pour poser des questions pertinentes et pour la résolution de problèmes, dans la recherche de nouveaux concepts, d'un goût prononcé pour la morale et la logique, du besoin d'introspection, d'une certaine indépendance de pensée (qui peut être très critique). L'hyperstimulabilité intellectuelle est la caractéristique la plus souvent associée aux enfants et aux adultes à haut potentiel. Janeke Frank (2006) écrivit que l'intelligence concerne l'habilité de résoudre des problèmes, mais l'hyperstimulabilité intellectuelle vise la passion de résoudre ces problèmes.

3. Dans l'hyperstimulabilité émotionnelle, l'expérience de relations émotionnelles, négatives ou positives, est ressentie et exprimée de manière plus intense que la moyenne. Elle renvoie à une grande intensité des sentiments et de conscience de la vaste gamme des émotions. Elle peut se caractériser par l'inhibition, une certaine timidité et par une tendance prononcée à l'excitation marquée par un fort enthousiasme. L'intensité émotionnelle serait l'un des traits caractéristiques dans la personnalité des individus à haut potentiel de développement. Ils ressentent les choses profondément et ont souvent l'expérience d'une vaste gamme d'émotions. Piechowski (1991) définit l'hyperstimulabilité émotionnelle comme l'intensité de la vie émotionnelle s'exprimant au travers d'une vaste gamme d'émotions, de formes d'attachement, de compassion, un sens aigu de la responsabilité et une introspection scrupuleuse. « Les enfants hauts potentiels absorbent littéralement le monde qui les entoure. Ils réagissent et répondent plus rapidement et intensément que les autres enfants. Ils sont stimulés à la fois par ce qui se passe autour d'eux et par ce qui les anime à l'intérieur d'eux-mêmes. » Daniels et Piechowski (2009) expliquent que c'est la raison pour laquelle ils sont souvent incompris. Par exemple, leur joie et leur curiosité sont perçues comme excessives, leur niveau élevé d'énergie comme de l'hyperactivité, leurs émotions trop intenses et leur sensibilité comme de l'immaturité.

4. L'hyperstimulabilité psychomotrice est à la fois marquée par un surplus d'énergie et une expression psychomotrice de la tension émotionnelle. Ainsi, elle est couramment envisagée comme un besoin d'activité physique et de mouvement (dans le domaine des jeux rapides et du sport), une recherche accrue de compétitivité, une tendance forte à l'action et à l'organisation, une certaine addiction au travail, un débit de paroles très rapide. Elle peut aussi se traduire par des difficultés à réduire l'activité cérébrale pour s'endormir. Du point de vue la tension émotionnelle, elle se caractérise à travers une énergie physique débordante accompagnée notamment de mouvements, de gestuelles, d'une certaine logorrhée ; la personne peut notamment avoir des tics nerveux et, ou se ronger les ongles.

5. L'hyperstimulabilité imaginative est caractérisée par de riches associations d'images et d'impressions, une certaine inventivité pour l'utilisation d'images et de métaphores dans le langage parlé ou écrit. Les rêves sont vivaces et peuvent être racontés avec beaucoup de détails. On observe également une prédilection pour les contes de fée, la création et la perception poétique et dramatique, l'invention de compagnons imaginaires et d'univers à soi. L'univers réel peut être mélangé à la fiction.

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Néophobie ou alimentation sélective

« la néophobie alimentaire chez l'enfant se caractérise tant par le refus des aliments nouveaux que par l'abandon, plus ou moins temporaire, de certains aliments » (Rochedy et Poulain, 2015, p59-60).

En 2018, j'ai conduit un travail de recherche sur la néophobie alimentaire auprès de 100 enfants.

Ce travail aura permis de comprendre la néophobie comme une étape du développement normal de l'enfant entre 2 et 7 ans mais qui peut se poursuivre durablement après cet âge. Nous pouvons alors vraiment parler de phobie car après 7 ans, l'enfant n'a pas accès au contrôle de soi, la sensation de danger prend le dessus et il ne peut pas avoir une diversification normale comme pour les autres enfants. Les résultats de Pliner (1998) indiquent que les enfants les plus néophobes sont aussi les plus émotifs.

Nous avons également trouvé une légère corrélation de l'hyperstimulabilité émotionnelle sur la néophobie alimentaire qui renvoie à une certaine anxiété de l'enfant néophobe.

Dans nos hypothèses, nous étions partis du constat que les enfants néophobes intellectualisaient à outrance la nourriture. Or, si notre étude ne montre aucune influence de l'hyperstimulabilité intellectuelle sur la néophobie alimentaire pour les enfants tout venants, nous avons pu l'observer et l'évaluer chez les enfants à haut potentiel intellectuel, qui présentent des hyperstimulabilités spécifiques quand ils sont néophobes. Dans le cas d'un enfant haut potentiel dont le câblage est différent, qui présente une hyperstimulabilité exacerbée du fait de son haut potentiel, nous retrouvons l'hyperstimulabilité intellectuelle, imaginative et émotionnelle qui influent sur la néophobie alimentaire.

Chez les personnes souffrant d'une grave anxiété qui nuit à leur alimentation, l'EMDR peut permettre de réduire l'anxiété liée aux aliments nouveaux.

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